
Il y a quelques mois, j’ai eu ce grand privilège d’être accueilli parmi près de 400 enfants pour devenir le professeur remplaçant en art dramatique. Un privilège et une surprise de la Vie qui m’en a fait voir de toutes les couleurs, même le blanc, durant la nuit. S’installer au beau milieu de ces enfants, apprendre à les connaître, leur enseigner qui je suis, les motiver, les discipliner, les écouter, leur parler…OUF ! Un privilège qui n’en devenait plus un.
Les jours passaient et je me demandais si j’étais au bon endroit, si je faisais le bon choix à chaque matin et si je ne devais pas plutôt retourner chez-moi, dans mon ancienne insécurité connue. Cette nouvelle insécurité me faisait plus peur que l’autre. Simplement parce que je ne la connaissais pas. Et les jours passaient et je tenais bon ! Des nuits entière à penser, à imaginer, à recréer l’enfance, à revoir des scénarios, refaire des mises en scène, trouver des solutions faciles et efficaces…
Deux cents soixante-quinze enfants à mettre en scène, dont la plupart n’ont pas d’intérêt pour l’expression verbale. Deux cents soixante-quinze enfants à placer dans un horaire chargé de fin d’année, d’examens, de sorties, de pratique de soccer, de voyages avec leur famille. Deux cents soixante-quinze enfants que j’aimais voir sur scène jouant leur rôle avec respect et amour. Et 125 autres, les tout-petits, qui ne demandent pas moins d’attention…
Hier soir, c’était la dernière d’une série de quatre soirées de spectacles avec ces mêmes deux cents soixante-quinze enfants. Une soirée mémorable et de grand défi. Les deux groupes à présenter leur numéro étaient les plus difficiles des dernières semaines. La fin de l’année est beaucoup plus importante pour eux et ça les excite davantage. Mais, je dois le dire, ils étaient les meilleures, les plus performants, et peut-être les plus motivés parce que le défi, pour eux, était plus grand.
Puis, à la fin du spectacle, une jeune fille et un jeune garçon se sont avancés vers moi, les bras trop petits pour tenir cet énorme bouquet de fleurs qui m’était remis de la part de tous les professeurs, la directrice et surtout, ces enfants que j’ai tant aimé. Le petit Collin a dit dans ses mots : « Merci pour tout le travail que vous avez accompli ! ».
Et des larmes ont coulé de mes yeux. Des larmes de joie, de fierté, d’amour et de soulagement. Je m’étais rendu au bout de ce que j’aurais voulu laissé tomber à plusieurs reprises. Mais je ne me suis pas lâché d’une semelle pendant ces six derniers mois. Ma récompense est grande, mon travail a apporté plus que des fruits…
Je vis un grand sentiment de satisfaction au matin de cet accomplissement. Je me réveille tranquille, calme et heureux.
Merci à tous les enfants, d’être des Enfants !
Stéphane XX…