photo : © Stéphane Castellon 2007 Des années ramassées dans un coin, dans un sac, dans des boîtes en carton mal fermées puis oubliées sur une des tablettes, celles que j’ai dû installer à chaque déménagement pour pouvoir y déposer, à nouveau, ces sacs, ces boîtes et ces années…Pour que les vestiges d’une Vie passée me suivent jusqu’au prochain tournant. Et je gardais ces petits et grands souvenirs, comme des trésors inutiles, question de ne pas perdre ce semblant de source et de sécurité.
Un porte-clés mexicain, des photos de gens que j’ai connu, d’un gars que j’ai aimé, une lettre qui m’a fait tant souffrir, des photos d’une compagnie que j’ai voulu florissante, mais qui m’a procuré tant de rages et de déceptions, des dizaines de lettres d’un ancien amour, un bibelot qui ne me ressemble plus, des vêtements qui ne veulent plus de moi, des assiettes qui ne servent personne…
Des années que je ne veux plus…
Je ne renie rien de mon passé. Il a fait celui que je suis aujourd’hui et tout ce passé est ma propre création. Mais aujourd’hui, au matin de mes 40 ans, je vis de nouveau, je grandis encore et c’est ici et maintenant que je suis vivant. Pas hier ! Aujourd’hui !
Mes vieux souvenirs, ancrés dans ces boîtes, j’ai voulu les offrir à mes amis, mais personne n’en a voulu, sauf deux ou trois. C’est sûr ! Ces amis connaissent mon passé et ils n’en n’ont pas besoin, eux non plus. Ils veulent aussi aller de l’avant, vers ce qu’il y a de meilleur…J’ai donné mes objets à ceux qui ont encore besoin d’aide : Les Petits frères des pauvres. Je me sens plus riche ainsi. Plus riche d’avoir fait le vide. Plus riche, parce que moi, je peux me permettre de donner…Plus rempli qu’avant. Plus apte, maintenant, à recevoir.
Mon passé est parti, cet après-midi…Oui, le deuil s’est envolé lui aussi. À moi, maintenant, le vent qui me souffle plus loin…
Stéphane XX…