photo: stéphane castellon 2005 © Je me souviens, dans les années 80, les adolescents, nous avions tous notre « walk-man ». Jaune, la plupart du temps et moulé dans un beau plastique « capoté » (eh ! oui, c’est dans les années 80 que le mot « capoté » a prit sa valeur). On accrochait ce lecteur-cassette à notre ceinture pour avoir l’air d’être à la mode et heureusement, à cette époque, les cotons ouatés dans les jeans étaient très actuels, ce qui laissait paraître tout l’attirail d’un jeune « in ». On déambulait dans les corridors de l’école, imitant ces jeunes noirs que nous voyions dans les films, captant du même coup l’attention des moins nantis qui eux, nous regardaient du bas de leur échelle…
Les téléphones cellulaires avaient le même effet, mais chez les pseudo-hommes d’affaires qui voulaient montrer que leur business fonctionnait bien. Ils sortaient de leur grande valise cette espèce d’engin plus lourd que le bottin lui-même, mettaient une main sur la hanche gauche et parlaient haut et fort pour qu’on remarque que c’est dans un téléphone « main-libre », - mais que oh ! épuisée par tant de pesanteur – qu’il parlaient.
Depuis ce temps, il n’y a plus grand-chose qui nous surprend. Techniquement parlant. Les montres à fonctions vocales, les téléphones avec écran, les cellulaires intégrés aux voitures, internet, la télé-numérique, les ordinateurs personnelles.
Et les I-PODS.
Ça, j’avoue que ça me dépasse. Déjà que nous passons un temps fou devant l’ordinateur pour ensuite se rendre devant l’écran de télévision en passant par notre téléphone cellulaire qui vient de sonner ou sur lequel on vient de recevoir un message texte de la personne qu’on vient tout juste de laisser, mais qui soudainement a une envie folle de nous dire « coucou », on passe du temps à écouter de la musique sur notre I-POD - en compagnie des autres humains autour.
J’étais dans le métro pour me rendre au gym quand ça m’a frappé comme un éclair. Il est presque impossible d’entrer en contact avec une personne dans la rue ou dans le métro. La plupart des personnes sont là, dans une bulle parmi tous ces gens à écouter (ou fuir) leur musique préférée. Au gym, impossible de demander à quelqu’un s’il a terminé avec tel appareil. J’ai dû tirer la manche d’une fille pour lui montrer que j’étais là parce qu’en plus de ne plus entendre, on dirait que ces gens-là ne voient plus rien.
Courir dans un beau parc, l’été, avec le soleil qui nous suit, les chiens qui courent et jappent, les enfants qui rient, les oiseaux qui chantent, des amoureux qui s’embrassent. Entrer dans l’autobus et pouvoir entendre le « bonjour » du chauffeur. S’entraîner dans un gym au rythme de la musique (qu’il y a déjà de toute façon), entendre les autres se faire du bien par leurs gémissements, s’encourager par un sourire qu’on entend, un regard qu’on voit, un « salut comment vas-tu ? » qu’on n’a pas crainte de dire dans le vide.
Voilà, pour moi, la vraie et plus belle Musique.
Stéphane XX…