J’ai travaillé pendant près de trois ans au même endroit, à cette usine à nourriture pour laquelle j’agissais d’intermédiaire entre la boustifaille et le client heureux de s’y retrouver. J’ose le dire : en 2010, j’ai atteints des ventes de près de $250 000.00. Oui ! 250 000 !!!! Impressionnant n’est-ce pas ? Et je n’étais pas dans les meilleurs. Mais j’ai toujours été à l’heure, propre, rasé, ordonné, présent (pas toujours d’esprit), j’ai aidé mes collègues, tenté de satisfaire du mieux possible. J’ai investi près de trois ans de ma Vie à cet endroit.
Et du jour au lendemain, par l’entremise d’une inconnue mystérieuse venue faire son travail en jugeant le mien, on me bombarde de préjugés, de reproches, de sanctions et de procédures non-respectées, dont celle de dire mon prénom aux clients et proposer « quelque chose de plus à consommer » (je rappelle que j’ai vendu $250 000.00 de beaucoup d’autres choses que ce « plus » sans JAMAIS m’être nommé). « Non, chers ex-patrons ! Je n’ai jamais dit mon nom et ça vous a prit trois ans pour vous en rendre compte. Sans doute ne savez-vous pas vous-même comment je m’appelle ! »
Je vous épargne tout ce qui m’a été dit, mais suite au monologue patronal, je me suis vu quitter cet emploi, après un rapport de cases cochées « oui », cochées « non » remplis par cette mystérieuse dame en noir, comme si je n’avais jamais eu de relation avec la manufacture à bouffe grasse et sans valeurs…nutritives, mais ô combien alléchante.
J’ai par le fait même quitté des collègues de qui j’étais amoureux. Pas tous de grands amis. De Grands Collègues par contre. Pas juste des gens qu’on oublie lorsqu’on les quitte, mais à qui on pense quand on arrive au travail en souhaitant qu’ils ou elles seront là, avec nous. Une deuxième famille ? Oui, un peu. Temporaire, mais tout de même importante. Parmi eux, certains sont devenus des amis intimes. Cet emploi nous aura apporté ça de bon. En tout cas, pour moi…
Mais la relation entre l’usine et moi s’est terminée un peu comme elle avait commencé : sans trop de préliminaires, abruptement, sans mot d’amour et surtout, dénuée de vérité et d’authenticité.
Et depuis mon départ, j’ai beaucoup pensé à mes relations avec les gens, les choses, la nature, moi. J’aime bien entretenir mes relations, prendre des nouvelles, faire le point, les rendre meilleures, organiser des rencontres, rendre service et m’impliquer. J’ai oublié de le faire avec cet emploi pour qui j’étais devenu l’ennemi. Nous tentions de poursuivre notre route ensemble, mais nous ne regardions plus dans la même direction. Et surtout, nous ne nous regardions plus avec amour et tendresse, comme ce fut le cas au début de notre liaison.
La Vie a de ces messages parfois qu’on ne comprend qu’après quelques coups durs portés sur nous.
Je me suis libéré. Je marche léger maintenant. En quête vers d’autres liens à tisser qui sauront être ouverts à recevoir et à donner. Mon nouveau chemin est déjà parsemés de fleurs neuves. Je ne connais pas encore leur origine, ni même l’intensité du lien qui nous unira. Mais je suis certain d’une chose : je ne laisserai plus jamais une relation s’effriter aux profits du gain…
Stéphane Castellon - 2 mars 2011
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