mardi 14 octobre 2008

INSPIRATION

Il y a quelque temps, j'avais demandé à des amis de s'inspirer de mes photos pour écrire un texte. Voici le résultat de leur créativité, mariée à la mienne...

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Première saucette...


© photo "première saucette" - stéphane castellon 2008

C’était à première vu un matin comme les autres… Un ciel bleu, agrémenté par ci par là par de magnifiques nuages blanc et un calme serein y régnait. Un calme inhabituel… Même les oiseaux semblaient dormir. Toujours est-il que pour ma part, cette eau me donnait l’impression à chaque fois de rajeunir. Ça me vivifiait à un tel point que j’ai vite pris l’habitude d’y aller chaque mois… et bientôt, chaque jour. Ce coin de paradis, cette vue me semblait tant familière que j’ai du me résoudre à me dire que j’y étais sûrement déjà venue étant enfant.

Ce matin là, j’étais debout à 5h30. Pour ceux qui me connaissent, à cette heure là… je suis généralement dans un sommeil profond… J’étais donc éveillée… et drôlement allumée. C’est alors que je pris ma bicyclette et mon sac à dos et je me rendis sur les abords du lac. C’était d’une magnificence sans fin… Telle une nappe d’huile, l’eau semblait ne plus avoir de vie et reflétait les peintures du ciel. Le vent dormait et les arbres regardaient tous au milieu du lac. J’étais inspirée… et sans crainte. J’étais comme un ange à qui on a donné la permission d’être sur terre pour un court instant. Et des larmes sont montées… J’étais submergée de gratitude d’être en vie et heureuse de pouvoir assister à un tel moment de paix. Je sentais en moi une force infinie… Une force de vivre sans fin, sans mort aucune. Et je la vis. Telle une libellule émeraude transparente, elle est sortie doucement du lac, sans créer le moindre mouvement sur l’eau. L’aube jetait sur elle une lumière quasi lilas et je pouvais voir son léger battement d’ailes… si fragile et si gracieux! Je n’avais jamais rien vu d’aussi majestueux. Ses cheveux roux descendaient en cascades jusqu’à sa taille et son sourire faisait écho au mien. Je ne pouvais même pas cligner des yeux tellement je ne voulais rien manquer… Étais-je donc en train de rêver? L’amour ressentie me confirma que non… C’était fort, vrai et les frissons sur ma peau témoignaient du moment que j’étais en train de vivre.

J’étais en train de voir la plus belle fée du monde.

Spontanément, j’enlevai mes vêtements, sans la perdre de vue et allai la rejoindre dans le lac. Je me laissai porter jusqu’à elle… sans la moindre hésitation. J’arrivai près d’elle et ne put m’empêcher de la regarder droit dans les yeux. Ce que j’y vis me laissa sans mot… une infinitude d’étoiles brillantes de couleur miel et or. Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Elle avait une bouche et un sourire parfaits, elle semblait faite d’une autre matière… c’était extraordinaire. Et elle me prit dans ses bras, tendrement, avec une infinie douceur. Je pleurai, longtemps. Le bonheur me transportait… J’étais dans les bras de ma mère. Car dans mon dos, sous ma peau… j’avais moi aussi, de belles grandes ailes translucides vertes et mauves sur lesquelles ont pouvaient voir clairement mon nom, Wanhia… Mes ailes se déroulèrent comme un papier parchemin, sans douleur et dans une explosion d’étincelles! Ce lac était donc ma maison…. J’étais une métisse : moitié fée, moitié humaine. Et ce jour là, ma mère me fit don de ses connaissances et je pu comprendre l’étendue de mes capacités. J’ai pu comprendre ma mission sur cette planète… Éduquer les hommes sur la seule façon de vaincre la peur : l’Amour.

©Micheline St-Jean
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Différente

© photo "seul parmi la foule" - stéphane castellon 2008

J’ai poussé au même rythme que mes semblables. Inspiré par ce même printemps, enraciné dans cette même terre et nourris par ces mêmes pluies, même soleil.

Je ne suis ni plus grande, ni plus forte, n’ai pas plus, ni moins de pétales que les autres. Je suis aussi vivante qu’elles, aussi fragile…

Ce qui me caractérise c’est ma couleur. Celle que j’ai développée, celle qu’on m’a donné. Je me demande parfois pourquoi je ne suis pas comme mes semblables, mornes et ternes, parfois j'aimerais leurs ressembler, mais ce n'est pas le cas.

Je finirai sûrement par faner moi aussi, comme les autres… Mais, à la toute différence que moi je finirai par orner un bouquet, peut-être même celui d’une mariée, qu’on voudra me déposer dans un vase majestueux… Ou on me choisira dans ce lot pour m’enlever mes pétales uns à uns : « il m’aime, un peu, beaucoup, passionnément… » On me prendra parce que je suis différente, parce que je suis MOI !

© Brigitte Laniel

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Aube bois

© photo "la porte" - stéphane castellon 2008

Aube bois

Pour moi...

c’est là que tout a commencé

dans ce havre de bois

une porte ouverte sur le murmure de mon sang

brûlant d’écrire le beau temps

malgré l’assaut des brulots* qui tout autour

tentaient d’aliéner ma joie

d’être enfin rentrée chez moi !

Oui …

c’est là que tout a commencé

jaillissant en germes de foi

à l’orée des bois.

Depuis, depuis…

mon amour pour toi

sauvage, tendre, fougueux, profond et léger

tout à la fois

n’a cessé de croître

en mes chairs…

cher pays de mon enfance

Terre de mes vers

Refuge de mon âme.

En ton antre de bois je me réinvente

Mondes et vermeils écrits j’enfante.

*pour le lecteur outre-Atlantique, et pour le lecteur passionné des mots en général …

Brulot :

[Québec] Petit moustique noir dont la piqûre provoque une sensation de brûlure suivie de démangeaisons.

OU

[MARINE] [Anciennement] Petite embarcation remplie de matières combustibles et destinée à incendier les vaisseaux ennemis.

Eau-de-vie flambée.

Écrit, discours violent et polémique. Il a publié son brûlot sous un pseudonyme.

[INFORMATIQUE] Message ou article de forum délibérément incendiaire. Lancer un brûlot dans un forum.

©Caroline Legault

Corde à linge

© photo "la corde à linge" - stéphane castellon 2008

Sur une corde raide me voilà suspendue entre ciel et terre.

Sans crainte je me laisse ballotter aux quatre vents.

Il est bon de laisser sécher ses larmes entre deux tempêtes et de s’étendre

de tout son corps dans le vide de nos illusions.

Légèreté d’être dans la matière, réchauffée par une lumière des plus intenses.

Et voilà que je me permets à nouveau d’être à la merci du vent.

Signe du temps qui passe et qui ne reviendra jamais.

Je m’accroche à ma corde raide devenue en ce jour corde à linge.

Souplesse du vêtement qui sèche au soleil, balayé de la grisaille d’un ciel trop sombre.

L’été qui s’achève me chante à l’oreille que le ciel accueille toujours nos regards remplis d’émerveillement.

©Isabelle Castonguay